Les belges veulent changer une règle de la grammaire

    Mais qu’est-ce qui a bien pu prendre les Belges pour s’attaquer aux sacro-saintes règles de la grammaire française ?  Récemment, en effet, deux professeurs belges de français, rapidement soutenus par la région Wallonie-Bruxelles, ont revendiqué le changement de la règle de grammaire de l’accord du participe passé avec le verbe avoir, car elle est un casse-tête pour tous ceux qui apprennent le français : Doit ont écrire « les fleurs que j’ai coupées » ou « les fleurs que j’ai coupé » ? 

La règle de grammaire, datant de l’ancien français et jamais remise en question depuis, stipule que le participe passé conjugué avec l’auxiliaire avoir s’accorde en genre et en nombre avec le complément d’objet direct (COD) si celui-ci est placé avant le verbe: « l es fleurs que j’ai coupées » est donc correct. Dans la réalité, bon nombre de personnes écrivent « les fleurs que j’ai coupé » ou bien hésitent. Si le COD est placé après le verbe avoir, il reste par contre, invariable : « ils ont coupé des fleurs ». Jusque là, tout va bien, mais cette règle  est associée à de très nombreuses exceptions, rendant la règle très compliquée à comprendre ou à enseigner. Les professeurs savent sans doute montrer à leurs élèves les accords corrects, mais ils ne savent souvent pas les expliquer, tellement les règles et les exceptions sont compliquées. Et cet apprentissage demande beaucoup de temps. Ce temps ne serait-il pas mieux employé à l’apprentissage d’autres aspects de la langue (syntaxe, littérature, etc.) ?

C’est la raison pour laquelle ces deux professeurs, qui ont également reçu le soutien de plusieurs associations de la francophonie, suggèrent de rendre le participe passé invariable, quelle que soit sa position dans la phrase, afin de faciliter l’apprentissage de la langue. Après tout, la grammaire est a une langue ce que le solfège est à la musique. C’est une codification graphique de la langue, mais pas la langue elle-même. Or, la langue française, à l’instar de nombreuses autres langues, a évolué au cours des derniers siècles en s’adaptant au monde moderne, alors que sa grammaire est restée figée, quasiment momifiée depuis la Renaissance, période où la langue française a commencé à être codifiée avec des règles de grammaire. L’académie Française, gardienne des traditions, se refuse à tout changement, mais restons vigilants… les choses pourraient bien changer ! 

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